« Depuis l’attaque inédite, dans la nuit de samedi à dimanche, de l’Iran contre Israël, en riposte au bombardement du consulat iranien à Damas, le Hezbollah intensifie la bataille sur le front sud ». C’est ce que relève L’Orient Le Jour à Beyrouth. « Ainsi, poursuit le journal, aux côtés des opérations routinières qu’elle mène depuis le 8 octobre, la milice chiite lance désormais des opérations plus qualitatives. Certaines consistent à miner la région frontalière […]. D’autres reposent sur les drones d’attaque, de plus en utilisés par la formation pro-iranienne. »
De leur côté, les israéliens ne restent pas les bras croisés, pointe encore le quotidien libanais : « tout comme le Hezbollah, Israël adopte une politique d’escalade militaire progressive, qui a culminé avant-hier avec l’élimination de trois commandants du parti chiite dont le rôle était lié aux missiles et à leur mode opératoire. »
Et L’Orient Le Jour de poursuivre : « cette escalade intervient à l’heure où les Iraniens affirment que toute attaque contre leur pays vaudra aux Israéliens une riposte vigoureuse et rapide, impliquant également les alliés de Téhéran, en particulier le Hezbollah. En intensifiant ses opérations militaires, ce dernier envoie donc un message à Tel-Aviv selon lequel il est prêt à infliger des pertes directes. »
D’autant, souligne encore L’Orient Le Jour, qui cite une source diplomatique occidentale, d’autant qu’Israël « s’apprête indubitablement à une riposte contre l’Iran. »
En effet, complète Le Figaro à Paris, « l’attaque iranienne a replacé la question de la sécurité d’Israël avant les considérations humanitaires. Netanyahu, qui a fait depuis des années de la menace iranienne le centre de sa politique, se voit de nouveau en position de décideur. "Je tiens à être clair : nous prendrons nos propres décisions et l’État d’Israël fera tout le nécessaire pour se défendre", a répété hier le premier ministre israélien. »
Le risque d’un conflit généralisé est donc à craindre, sur le double front iranien et libanais… « Après l’attaque iranienne, le sud du Liban frémit », s’alarme Le Temps à Genève. Le Temps qui s’interroge : « alors que le gouvernement israélien met la dernière main à ce qui semble être une riposte imminente après l’attaque iranienne, le "front nord", comme l’appellent les Israéliens, menace-t-il à son tour de s’embraser ? La "riposte" israélienne s’étendra-t-elle au Liban, comme le craignent avant tout les Libanais eux-mêmes ? »
Réponse dans le quotidien suisse de Daniel Meier, enseignant à l’Université de Genève et spécialiste de la région : « Je m’attends à ce que les violences s’intensifient, affirme-t-il. Le Liban, vu sa quasi-vacuité en termes de souveraineté, est un terrain idéal pour tous les débordements. De nouvelles frappes ciblées israéliennes sont sans doute à craindre, même à Beyrouth. »
Pourtant, souligne Le Temps, « le Hezbollah est conscient de ce qu’il en coûterait d’une confrontation générale contre Israël dans un Liban déjà au bord du gouffre. De leur côté, les militaires israéliens savent aussi combien les centaines de missiles balistiques dont dispose la milice chiite inspirent forcément le respect. […] Le prix à payer d’un éventuel durcissement du conflit serait (donc) particulièrement élevé. »
Malgré tout, la question n’est plus de savoir si Israël va riposter après l’attaque iranienne du week-end dernier, la question est : quand ? Le Jerusalem Post croit avoir la réponse : « Israël ne devrait pas attaquer l’Iran avant la Pâque juive (qui se déroulera du 22 au 30 avril) ». Quelle forme prendrait cette réplique ? Pour l’instant, mystère…
En tout cas, multiplier les fronts serait une grave erreur pour Israël, prévient Haaretz. « Comment le cabinet de guerre, qui a décidé dès le départ de concentrer ses efforts sur Gaza, envisagerait-il de vaincre une organisation terroriste (le Hamas) qu’il combat depuis six mois tout en s’engageant dans une guerre avec une superpuissance régionale (l’Iran) ? », s’interroge le quotidien israélien de gauche.
« Une riposte israélienne imminente et vigoureuse contre l’Iran – sur laquelle, selon certaines sources, le cabinet de guerre est unanime – pourrait permettre au chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, de réaliser son rêve "d’unir les fronts" ». Conséquence, pointe Haaretz : « il passerait alors du statut de djihadiste dévoyé – un sadique dont les actes barbares sont également condamnés dans le monde arabe – à celui de membre d’une coalition organisée et bien entraînée qui ferait pleuvoir le feu et le soufre sur Israël, avec le soutien (probable) de la Russie. »
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